Voilà une question qui traverse régulièrement nos conversations, nos soirées, nos rassemblements…
La relation de Domination/soumission est-elle une relation sexuelle ? Le sexe est-il l’aboutissement nécessaire de nos relations ? Nos pratiques ne sont-elles que des préliminaires à la pénétration ? Une soumise doit-elle accepter n’importe quelle relation sexuelle ?
On voit dans notre Communauté un éventail surprenant d’avis à ce sujet allant du « no sex » jusqu’à la fameuse soumission exclusivement sexuelle…
Bien sûr, je ne veux pas (et ne peux pas) trancher de façon définitive sur un sujet vieux comme le monde. Je respecte l’avis de chacun à ce sujet. Mais je voudrais néanmoins proposer un certain nombre d’axes de réflexion, et vous proposer ma propre approche de ce problème :
Donc, à mon avis, la relation de Domination/soumission est non seulement une relation sexuelle, mais c’est même une relation amoureuse :
En effet, l’amour est régulièrement décrit comme un cocktail d’altruisme, de respect et d’admiration mutuelle, et de libido. Que serait une relation D/s, si ces ingrédients n’y étaient pas ? Pour la soumise, c’est l’évidence : elle veut tout donner à son Maître, elle le respecte et elle l’admire. Mais pour le Maître, c’est également une réalité : Altruiste, il donne son temps sans compter et veille sur sa soumise avec bienveillance. Respectueux, il sera attentif aux vrais désirs de sa soumise et ne tentera pas d’outrepasser ses limites. Admiratif, il sait l’importance incomparable du don de soi de sa soumise.
Bien sûr, aujourd’hui nombreux sont ceux qui ne veulent pas parler d’amour : Pudeur ou peur de l’engagement, ils parleront de « jeu de rôle » ou de « jeux » tout simplement.
C’est une relation qui unit étroitement deux personnes qui se complètent.
La soumise utilise sa soumission pour faire comprendre à son Maître que son don d’elle même est absolu et sans limite (romantiquement, jusqu’à la mort…)
Le Maître accepte ce don improbable, et prouve d’une part qu’il l’accepte en mettant sa soumise à l’épreuve et d’autre part montre qu’il a compris l’importance de ce don en le sublimant.
On pourrait penser que cette vision de la relation D/s est claire. Cependant, peut-être pour de multiples raisons, on peut constater de nombreuses interprétations très différentes.
Ce qui a causé beaucoup d’incompréhension, c’est que, très souvent, pour prouver et pour éprouver ce don, le Maître peut souhaiter prêter sexuellement sa soumise. En effet, quoi de plus intime, quel sacrifice plus paradoxal, et plus grand ? Et, n’est-ce pas la preuve ultime qu’on possède une soumise que d’être en mesure de la prêter ? On ne prête que ce que l’on possède…
Vu de l’extérieur, on peut se dire : Une soumise, est une échangiste qui se voit imposer un partenaire… Quelle aubaine pour ceux qui d’ordinaire, ne sont jamais choisis !!! Et bien sûr, on est toujours très content de croire ce qui arrange !!!
De même certains peuvent croire que les soumises sont des filles « faciles », puisqu’à priori, elles acceptent tout et n’importe quoi !!!
Cependant, mon opinion est que ce ne sont vraiment que des apparences trompeuses. La relation reste et demeure une relation à deux, même avec des partenaires multiples. Et ces expériences ne sont que des exceptions rarissimes, des étapes à franchir pour la soumise, et en aucun cas une façon de vivre.
Quand à l’opinion qu’elles seraient « faciles », vous savez tous que c’est l’un des clichés les plus stupides qu’on peut entendre : Elles peuvent éventuellement être « faciles » mais uniquement avec leur Maître, et au prix de combien de difficultés préalables !!!!!
Si nous laissons courir ces opinions ridicules, c’est d’une part parce que c’est assez flatteur pour le Maître qui apparaît comme une sorte de surhomme, et que d’autre part, nous ne souhaitons pas vraiment briser le mythe et le rêve.
Mais ici, nous sommes entre nous, et nous savons ce qu’il en est !
Nous savons que nos soumises aiment expérimenter et se surpasser, parce qu’elles constatent que leurs sensations sont importantes pour nous, et qu’elles nous font confiance.
Qu’elles soient fanatiques ou non de pénétration, elles savent que nous sommes attentifs à leurs désirs, et que nous ne faisons pas passer les nôtres en priorité à tout prix.
Elles accordent une très grande importance à nos pratiques parce qu’elles sont des preuves à leurs yeux, de notre constant intérêt vis à vis de leur plaisir.
Enfin, nous sommes bien placés pour savoir qu’elles n’acceptent pas tout et n’importe quoi, parce qu’elles sont tellement précieuses à nos yeux que nous ne voulons pas risquer notre relation pour le plaisir d’une expérience improvisée…
En résumé, la relation D/s est une relation entre deux personnes exclusivement, malgré les apparences. C’est une relation complexe et symétrique. C’est une relation qui est tellement riche que toutes les pratiques qui y participent, ont une importance égale, et peuvent être satisfaisantes en soi. C’est en fait, à mes yeux, avec les bébés, ce qu’on fait de mieux entre un homme et une femme !
Il s’agit bien d’une relation sexuelle, et qui plus est, c’est celle qui laisse la plus grande place à l’Amour avec un grand A. Et on commet systématiquement une erreur fondamentale à chaque fois qu’on essaie de réduire cette relation à l’une ou à plusieurs des pratiques qu’elle emprunte.