L’anglais décrit dans le château fermé. A.P. de Mandiargue – Chapitre III

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L’anglais décrit dans le château fermé A.P. de Mandiargue

Chapitre III: Souvenirs Bernois

Ensuite de quoi je la vis monter à mon côté sur le matelas ( dans son peignoir, que du haut en bas elle avait dégrafé pendant qu’elle s’occupait de mes pieds, je vis qu’elle était nue complétement, sauf la chaussure) ; ses doigts étaient agiles à me déboutonner, et elle ne cessa qu’elle ne m’eût dévêtu jusqu’à la moindre chose. Elle se mit à plat ventre entre mes jambes et me regarda en riant, soulevée un peu sur les coudes ; promena sur mon corps ses jolis seins pointus. Je bandais, avouons-le, comme une machine à défoncer le béton. Il y eut encore des gentillesses des seins et de la langue, que je goûtai en fermant les yeux, puis le visage de Viola redescendit au long de mon corps, et je sentis qu’elle me suçait.

Elle avait happé le gland d’un seul coup, sans toucher à la hampe, et elle le tiraillait en lui donnant des saccades exquises ; le mordillait sagement (sans dépasser, veux-je dire, le point où le plaisir fait face à la douleur) ; parfois elle plongeait mon vit dans son gosier jusque derrière les amygdales (dont je sentais le choc et, vaincue la résistance, le mol étranglement autour de mon engin), d’une façon qui me parut tout à fait ravissante, car je me suis toujours ennuyé à n’être sucé, comme par les putains, que du bout des lèvres.
Je ne fus pas très longtemps sans décharger, n’ayant vidé mes couilles de plusieurs jours. Alors Viola vint au-dessus de moi, et ses lèvres – ce fut notre premier, notre unique baiser d’amoureux – déposèrent dans ma bouche une partie du foutre que j’avais perdu dans la sienne. Nous avalâmes tous deux ensemble ; cérémonieusement, prononcerais-je.

Ah ! Mon cher Balthazar, dit Viola, cela ne rapproche-t-il pas plus que tous le mots du ciel et de la terre ? Tu es vraiment mon frère, maintenant.

Elle fit un gros soupir, qui me parut le déguisement d’un rot, et elle remit ma pine dans sa bouche pour la sucer de nouveau, en exprimer tout le foutre et la bien nettoyer ; et elle la sécha en la roulant comme un cigare dans la paume de ses mains.

Ton voyage t’aura fatigué, dit-t-elle encore, tout aimablement, en voyant que je ne répondais rien à son gracieux propos. Tu devrais dormir un peu. Je viendrai te chercher à l’heure du dîner.

Peut-être n’aurais-je su m’introduire, sans défaire le lit, sous le drap circulaire, mais mon amie (que dis-je ? Ma bonne sœur) Viola le prit par un bord pour me montrer l’ouverture. Je m’engouffrai. Elle posa sur moi des toisons parmi les plus velues et les plus colorées, comme un lourd manteau d’honneur, avant de quitter la chambre pour aller je ne sais trop où – car son peignoir n’était nullement refermé quand je la vis descendre dans le trou de l’escalier tournant.

Seul, je demeurai immobile, attendant le sommeil prescrit ; pourtant il ne vint pas, et je rassemblai des souvenirs.

Montorgueil avait paru dans ma vie une fois que je me trouvais à Berne, chez une vieille amie (non pas très âgée) qui fut ma partenaire à de lointains cache-cache, et que je sollicite encore, de temps en temps, parce qu’elle a de petits seins qui ne se friperont jamais et un ventre qui tout spontanément exhale une bonne odeur de vanille et d’ambre gris.
Mon amie m’avait présenté à lui comme à sir Horatio Mountarse, premier secrétaire à la Légation du Royaume-Uni ;  je la connaissais assez pour ne point douter qu’il ne l’eût faite, à moins qu’il ne fût dégouté des femmes. Cependant, en dehors du plaisir que l’on éprouve à renouer une liaison, l’objet de mon séjour dans la capitale aux ours était surtout d’y faire réparer une montre ancienne à laquelle j’ai la faiblesse de tenir ; dans le boitier de celle-ci, en effet, quand elle fonctionne, douze petits écoliers mécaniques au point de chaque heure viennent se présenter, braies basses, à un magister, qui sodomise un nombre de culs correspondant à l’heure du cadran. Or la réparation achevée ce matin-là, j’avais la montre dans ma poche et, comme c’était l’heure du thé, j’avais pu à mon amie et à sir Horatio donner le spectacle du maître d’école en train de pousser cinq coups.

Très en admiration devant mon bibelot :
Aimez-vous le bordel ? M’avait demandé le diplomate.
Beaucoup plus, assurément, que le solitaire ou le jeu de grâces. Y en aurait-il un, dans cette ville de protestants à la queue froide et aux pieds noirs ?
Non pas de façon officielle ; mais – réservez-moi votre soirée – je vous mènerai dans un établissement où je fréquente, et qui n’est pas sans charme;

Alors, dans les quartiers bas, sur l’autre bord de l’Aar, j’avais accompagné sir Horatio jusqu’au fond d’une ruelle infecte, devant un seuil obscur où, du fer de sa canne, il avait battu longuement et suivant un rythme trop compliqué pour que je puisse encore m’en souvenir. La porte ouverte, reconnu le diplomate Anglais, vous avions été introduits dans l’une de ces vacheries de hasard, telles qu’il s’en trouve en grand nombre dans certains cantons arriérés de la Suisse alémanique, où chaque fille n’est pas tout de suite prête à bâiller son con et son cul au premier venu.

Sous un toit de grosse poutres, autour d’une vaste salle au plancher de bois blanc, je me rappelle un grand carré d’étables qui contenaient chacune une vache de race Emmenthal, sur une litière fort épaisse mais plus sale qu’on ne s’y fût attendu, étant donné son rôle ; dans le milieu, des tables, où les clients, nombreux ce soir-là, buvaient de la bière à d’énormes chopes que renouvelaient aussitôt vides, des servantes bien représentatives de l’espèce bernoise. Je veux dire qu’elles étaient ventrues, lourdement tétonnières, grassement fessues et jambées – plutôt excitantes, au demeurant, avec leur air colossalement stupide.  »Un écu la petite partie », proclamait le patron, en faisant d’une table à l’autre circuler un objet qui me parut répugnant et qui était un vieux ventre de poupée creusé en tirelire d’un con bordé de poils de lapin ; dans ce con, à la mesure exacte de l’écu d’argent frappé d’un Guillaume Tell, les bambocheurs enfournaient leur finance. La plupart du temps il ne se passait rien du tout (et le patron de la vacherie faisait bien ses affaires), cependant il arrivait que surgît du nombril, après l’introduction, le drapeau de la Confédération helvétique, et dans ce dernier cas toutes les servantes accouraient au gagnant pour qu’il choisît l’une d’elle. Curieusement, selon ma façon de penser, elles l’entouraient en lui tournant le dos, boutonnées du haut en bas par devant avec beaucoup de modestie, mais la jupe relevée sur leurs fesses que ne voilait aucun linge. Il paraît que c’est au cul seulement que l’on peut juger d’une femme en Suisse alémanique.

Après avoir choisi, le gagnant emmenait sa prime dans une étable ; et là certaines fermaient le double portail, en sorte que l’on ne voyait pendant le  »petit moment » que les parties hautes de la vache, mais les plus nombreux, pour parader devant les copains restés à table, laissaient grand ouvert, se déshabillaient publiquement (accrochant souvent aux cornes, par plaisanterie, le pantalon ou la chemise) déshabillaient la boniche, et puis la besognaient au vu de tous sous le ventre du bovidé paisible d’ailleurs, pour avoir été bien longtemps habitué à la chose.

Sir Horatio et moi jouâmes de nombreuses parties, et je fus le premier à obtenir l’érection de la croix de Genève. Mes préférences, bruyamment moquées par les buveurs, allèrent à la moins plantureuse des femelles, une fort belle fille, au moins pour ce qui n’est que des formes, mais qui avait, ainsi que ses congénères, le cuir tellement épais que je pensais manier plutôt de la couenne que de la peau de femme. Dévêtus elle et moi, je ne fermai pas les portes, car je pensais que sir Horatio, pour m’avoir conduit en si délectable crapule, voulait se payer du spectacle de ma fouterie. C’est une étrange sensation que de se trouver couché tout nu, fût-ce avec une vraiment belle femme, sur une litière souillée de bouse et d’urine, entre les pattes d’une vache qui pourrait vous écraser ou vous blesser grièvement d’un coup de sabot. Ma compagne (c’est Litzi, qu’elle me dit se nommer) m’avait fait mettre le visage à peu près sous le cul de la bête ; et pendant que Mlle Litzi, montée sur moi, travaillait énergiquement de la croupe, je caressais les mamelles enflées de la plus grosse créature, m’amusant à traire et à faire gicler sur notre couple un liquide crémeux et tiède.

Sir Horatio gagna plus tard, mais il s’enferma très soigneusement, et nul ne vit comment il prenait plaisir avec la jeune obèse de son choix. Des habitués, seulement, firent à haute voix cette observation que jamais la vache n’avait tant montré d’inquiétude. A la fin, le diplomate sortit de l’étable, où il était resté près de trois quarts d’heure.
Je vous montrerai mon vit une autre fois, me dit-il, et quand je banderai, ce qui arrive rarement. Je n’ai fait aujourd’hui que m’amuser un peu.

La fille ruisselait de pissat de vache. Vainement essayait-elle de tordre, pour les égoutter, ses longs cheveux couleur d’éponge. Elle avait un air vexé qui était tout à fait réjouissant, et je pensai que j’avais été bien sot, avec la mienne, de ne trouver rien de mieux que de me faire chevaucher à la paresseuse sous une petite pluie de lait. Sir Horatio était boutonné à son ordinaire, comme s’il était sorti plutôt d’un cabinet de toilette que d’une étable à putains.

Dans la rue, quand je le remerciai de l’excellente soirée, il m’invita à venir l’année suivante à Gamehuche, chez lui ; ajoutant qu’il s’était démis de son emploi diplomatique, et qu’il avait l’intention, dès que serait terminé l’aménagement, tel qu’à son goût, de ce vieux fort acheté sur la côte Bretonne, de s’y retirer strictement pour y poursuivre certaines études qui l’intéressaient – qui m’intéressaient aussi, dit-il encore au point de nous quitter, il en était sûr maintenant qu’il me connaissait bien.

La guerre avait retardé de huit ans notre rendez-vous, mais nous n’avions cessé de nous écrire, quoique à de longs intervalles. Ses dernières lettres m’avaient appris qu’il avait changé de nom – ou plus précisément qu’il avait traduit le sien en Français – puisque, dorénavant, sir Horatorio Mountarse fait place à M. De Montorgueil…

(à suivre)

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