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L’anglais décrit dans le château fermé. – A.P. de Mandiargue – Chapitre IV

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Chapitre IV : Distribution des cartes

Le jour inclinait au sombre , et je me demandais si Viola, déjà, ne m’avait oublié, lorsque j’entendis le bruit de ses pieds sur les marches. Elle portait le vêtement et la chaussure que je lui avais vus, mais soigneusement rajusté celui-là, et elle avait un collier de grosses mouches en or qui remuaient au bas d’un ruban vert. Peignée flou, le visage délicatement touché d’une poudre pervenche, les lèvres un peu cyclamen, je la trouvai encore plus jolie qu’auparavant. Elle me dit que l’on dînerait dans une demi heure, et qu’elle allait descendre avec moi dans la salle de bains pour me regarder pendant que je me laverais, car elle aimait bien voir les hommes à leur toilette.

Remontés après divers ébats mais qui étaient restés dans l’ordre de la plaisanterie, quand je voulus ouvrir mes valises, elle ne me le permit pas, et elle tira pour moi, d’un autre compartiment du coffre-divan, une chemise à volants froncés, de la plus fine toile qui jamais eût effleuré ma peau, et encore un caleçon de soie, mordoré comme le ventre des buprestes. Là-dessus elle me fit passer une robe de chambre en cachemire blanc teinté de rose, avec de grands revers châle et une cordelière. Des bas noirs et des pantoufles à boucles d’argent complétèrent mon habit de soirée.

Après avoir traversé la cour ( comme il pleuvinait, Viola, pour abriter nos fringues, ouvrit un de ces parapluies familiaux démesurés qui servent aux portiers d’hôtel ), nous entrâmes dans le grand bâtiment ovale ; et là nous fûmes dans une salle à manger où je reconnus tout de suite sir Horatio ( pardon, M. De Montorgueil ! ) qui avait le même costume que moi, quoique d’une couleur beaucoup plus franchement saumonée.

Bonsoir, Montorgueil, dit la mulâtresse en me poussant devant elle. Voilà ton ami Balthazar. Il bande beaucoup plus vite que toi, et son sperme a un petit goût de violette qui m’a rappelé la salade d’éperlans.
A ce que je vois, dit mon hôte,,vous n’avez pas mal employé votre temps depuis que vous êtes arrivé. Ne vous excusez pas ; je n’attendais pas moins de vous. Et permettez que moi aussi je vous appelle Balthazar, puisque c’est le caprice de notre jolie petite Viola.

Tel surnom, qui m’avait procuré d’agréables moments, je ne le reniai pas. Alors M.de Montorgueil, rapproché de moi, poursuivit :
Je suis vraiment heureux que vous ayez accepté mon invitation. Il s’agissait , si ma mémoire est bonne, de venir me rejoindre dans un lieu que (plaisamment) je vous disais situé hors du monde, et d’y être mon compagnon à de certains jeux et à de certaines expériences. Gamehuche a toutes les qualités de ce lieu idéal. La nuit, la marée haute et les courants qui font tourbillonner la mer autour de nos remparts, ces grands murs et les portes verrouillées à marée basse, le désert de l’arrière-pays, la crainte encore qui s’attache aux environs d’un donjon mal famé, suffisent à retrancher absolument notre château de la commune terre des hommes et à la soustraire à leurs lois. Vous êtes le premier, en dehors de moi-même et de mes quatre noirs, qui soit venu ici de son plein gré depuis que j’y habite ; j’ajouterai tout de suite que vous et moi sommes les seuls à pouvoir en sortir quand il nous plaira, pourvu que ce soit heure de basse mer.

»Je vous ai invité parce que j’ai pu me rendre compte, une fois, que vous étiez un homme sérieux ; je suis également un homme sérieux à mon point de vue ; vous savez comme moi, que notre espèce ne pullule pas à la surface du globe. C’est en très grande partie la légèreté et la frivolité de tous ceux là-bas qui m’ont porté à me venir fixer ici, et à m’y enfermer. Je n’ai presque jamais pu bander, par exemple, hors de chez moi. Et vaut-il l’effort de bander quand on ne peut sérieusement pousser à bout la partie ? Je trouve que non, quant à moi ; d’autant plus que ma nature est singulière, et qu’elle exige pour me faire décharger et débander bien plus de substance et de peine que pour me mettre en l’air. Nous aurons ici le jeu qui convient à des personnages tels que vous et moi.
»Avant toute chose, je veux vous familiariser avec nos acolytes et avec nos serviteurs, les pions du jeu.
En dehors de vous – dorénavant : Balthazar – et de moi – nommez moi Montorgueil tout rond – le château ne contient que deux hommes. Vous avez déjà vu le nègre Gracchus, qui est valet quand il ne fait rien de mieux. Le nègre Publicola, qui est plus grand et beaucoup plus fort que lui, valet aussi me sert encore d’expéditif. Une délicate fonction, dont il s’acquitte à merveille ; vous verrez plus tard en quoi cela consiste.
»Les hommes, pour ce qu’en feront, je crois, Balthazar et Montorgueil, n’ont pas besoin d’avoir un âge. C’est tout au contraire avec les pions féminins.
»Votre amie, la jeune Viola, a dix-sept ans depuis douze jours. Cette fille très noire, à côté d’elle, qui vous regarde en riant ( je gagerai que l’autre lui a parlé de votre queue ), s’appelle Candida : elle a dix-neuf ans et un corps parmi les plus jolis que sachent les amateurs de négresses.

»Melle Edmonde, que voilà, déclare trente ans ; c’est ce que l’on est convenu d’appeler une jeune fille du monde, et, dans ce monde-là, son renom était de posséder le plus beau cul de Paris et de savoir s’en servir. Ici, nous l’avons mise à la cuisine, parce qu’elle s’entend bien à cela, non moins qu’à d’autres petites choses plaisantes, qui nous l’ont rendue presque indispensable.

»Vous verrez tout à l’heure Melle Lune-borge de Warmdreck, que par souci de notre confort vocal nous avons nommée, moins rudement, Luna ; fille d’un prince Hanovrien, elle n’a pas passée vingt ans que de trois ou quatre mois. La petite, en ce moment, qui entre est Melle Michelette, qui a treize ans et qui est vierge. »
Celle-ci me regardait avec un air de crainte. Quand elle vit que Montorgueil ne disait plus rien, elle fit pour lui et pour moi une révérence de cour, à l’Allemande, qui était bien la chose la plus touchante et la plus ridicule qui se pût faire étant donné sa mise. Car la petite fille était vêtue en putain de bordel. Ses pieds trébuchaient sur des souliers à talons hauts, ses mignonnes jambes étaient gainées de bas noirs, qu’au ras des fesses arrêtaient des jarretières fleuries d’un œillet de soie rouge. Sans peine on distinguait le détail de son corps gracile, formé de peu, sous le voile assez transparent d’une demi chemise-culotte en crêpe de Chine rehaussé de dentelle mousseuse. Autour du cou, elle avait un ruban rouge, cramoisi comme les fleurs de ses jarretières. Sa bouche était peinte grassement, ses yeux étaient agrandis de fard, ses cils collés par la brosse à rimmel, ses sourcils allongés au crayon, ses cheveux décolorés. Derrière elle apparut une grande créature châtaine, qui était probablement Luneborge de Warmdreck et qui, pour éloigner l’enfant de nous, lui cingla durement les mollets d’un fleuret très souple que sa main faisait siffler dans l’air. Il y eut quelques larmes, quelques gouttes de sang, et sur les bas une déchirure incarnée dans le vif qui donnait envie de mordre la nuque ou de serrer le cou.

Pourquoi faut-il que cette petite aille toujours se fourrer dans les jambes des autres ? Dit Montorgueil, approuvant le geste.

Parce que la chatte lui démange. Rien n’est malsain comme un pucelage. Il se fait là-dedans des croûtes et de la grattouille, du fromage, de l’ordure ; les bêtes y vont pondre et nicher ; le cresson y pousserait. On se demande si tu n’es pas fou, Montorgueil, de n’avoir pas encore mis cela en perce. Tu finiras par nous faire prendre la gale ou les écrouelles, avec tes vierges.

Luna s’exprimait avec véhémence, et sa superbe n’était pas mal servie par le jeu de son unique vêtement : une longue robe de chambre en peau de panthère (ou mieux, si laineuse et si pâle en était la fourrure des léopards des neiges), dépourvue de boutons ou d’agrafes et de haut en bas fendue, ce qui me permit de constater que la jeune princesse, particularité peu fréquente, même chez les filles nobles, avait le poil du con exactement de la même couleur entre noisette et feuille morte que ses cheveux ou ses sourcils. Jambes nues, ses pieds nus posaient sur des sandales dorées. Les ongles de ses pieds, comme ceux de ses mains, étaient vernis de nacre.

Soyons justes, dit-elle encore ; je reconnais que la petite putain a profité de mes leçons. Sa révérence était très bien. Feu mon oncle , qui était difficile, ne l’aurait pas désapprouvée. En récompense nous la laisserons manger tant qu’elle aura faim, ce soir, et même , avec le permission de Montorgueil, nous la laisserons boire.
Elle vexa l’enfant d’un soufflet dur au coin de la bouche. Nous nous assîmes en tumultes, les nègres maniant le cul d’Edmonde, cependant que notre hôte accordait pour Michelette la faveur demandée.
Nous étions dans une salle à manger toute ronde. Autour de nous, sous un plafond de bois doré, s’élevaient des colonnes de je ne sais quelle pierre, mais lisse, charnue, semblable à de la cire un peu rose – colonnes qui s’achevaient en de grosses boules près du plafond, lequel, pourtant ne posait pas dessus. L’éclairage n’était que de cierges et de bougies, d’une cire carminée comme la pierre des colonnes, issus de grands et de petits chandeliers tous au décor de filles broutées par des veaux ou foutues par des ânes. Le mur était recouvert d’une tenture flottante, en soie très lourde couleur de vin du Roussillon, que des courants d’air chaud, qui provenaient de bouches inférieures, faisaient onduler sans repos avec des reflets étranges. Entre ce mur et la colonnade il y avait une sorte de galerie circulaire où s’amoncelaient des peaux de bêtes, ours et tigres principalement, qui faisaient comme des sièges, comme des lits, comme des tribunes velues.

Le plancher, au centre , était nu, d’ébène ou d’un autre bois teint en noir et ciré ; des anneaux d’argent s’y trouvaient fixés, et y traînaient des objets surtout de ce métal, tabourets, bassins, calices, avec aussi des fouets, des sabres et des colliers pour dogues. Trois canapés entouraient la table ( un quatrième, pareil, était resté dans la galerie) : canapés courbes à trois places, montés sur un châssis en argent pourvu de petites roulettes, garnis de matelas et de coussins en satin topaze. Quant à la table elle-même, colossale et rocaille, elle était d’argent creux, et de l’eau chaude arrivait dedans par le pied pour la tiédir jusqu’à la température du corps humain. Point de nappe, point de serviettes. Une grande fouterie bien ciselée et de petits sujets obscènes amusaient le regard, entre les plats, les carafes, les assiettes et les couverts.

Si tu as besoin de t’essuyer la bouche me dit Viola, tu prendras mes cheveux ou ceux de Candida. Nous ferons pareil avec ton poil…

( à suivre )

L’anglais décrit dans le château fermé. A.P. de Mandiargue – Chapitre III

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L’anglais décrit dans le château fermé A.P. de Mandiargue

Chapitre III: Souvenirs Bernois

Ensuite de quoi je la vis monter à mon côté sur le matelas ( dans son peignoir, que du haut en bas elle avait dégrafé pendant qu’elle s’occupait de mes pieds, je vis qu’elle était nue complétement, sauf la chaussure) ; ses doigts étaient agiles à me déboutonner, et elle ne cessa qu’elle ne m’eût dévêtu jusqu’à la moindre chose. Elle se mit à plat ventre entre mes jambes et me regarda en riant, soulevée un peu sur les coudes ; promena sur mon corps ses jolis seins pointus. Je bandais, avouons-le, comme une machine à défoncer le béton. Il y eut encore des gentillesses des seins et de la langue, que je goûtai en fermant les yeux, puis le visage de Viola redescendit au long de mon corps, et je sentis qu’elle me suçait.

Elle avait happé le gland d’un seul coup, sans toucher à la hampe, et elle le tiraillait en lui donnant des saccades exquises ; le mordillait sagement (sans dépasser, veux-je dire, le point où le plaisir fait face à la douleur) ; parfois elle plongeait mon vit dans son gosier jusque derrière les amygdales (dont je sentais le choc et, vaincue la résistance, le mol étranglement autour de mon engin), d’une façon qui me parut tout à fait ravissante, car je me suis toujours ennuyé à n’être sucé, comme par les putains, que du bout des lèvres.
Je ne fus pas très longtemps sans décharger, n’ayant vidé mes couilles de plusieurs jours. Alors Viola vint au-dessus de moi, et ses lèvres – ce fut notre premier, notre unique baiser d’amoureux – déposèrent dans ma bouche une partie du foutre que j’avais perdu dans la sienne. Nous avalâmes tous deux ensemble ; cérémonieusement, prononcerais-je.

Ah ! Mon cher Balthazar, dit Viola, cela ne rapproche-t-il pas plus que tous le mots du ciel et de la terre ? Tu es vraiment mon frère, maintenant.

Elle fit un gros soupir, qui me parut le déguisement d’un rot, et elle remit ma pine dans sa bouche pour la sucer de nouveau, en exprimer tout le foutre et la bien nettoyer ; et elle la sécha en la roulant comme un cigare dans la paume de ses mains.

Ton voyage t’aura fatigué, dit-t-elle encore, tout aimablement, en voyant que je ne répondais rien à son gracieux propos. Tu devrais dormir un peu. Je viendrai te chercher à l’heure du dîner.

Peut-être n’aurais-je su m’introduire, sans défaire le lit, sous le drap circulaire, mais mon amie (que dis-je ? Ma bonne sœur) Viola le prit par un bord pour me montrer l’ouverture. Je m’engouffrai. Elle posa sur moi des toisons parmi les plus velues et les plus colorées, comme un lourd manteau d’honneur, avant de quitter la chambre pour aller je ne sais trop où – car son peignoir n’était nullement refermé quand je la vis descendre dans le trou de l’escalier tournant.

Seul, je demeurai immobile, attendant le sommeil prescrit ; pourtant il ne vint pas, et je rassemblai des souvenirs.

Montorgueil avait paru dans ma vie une fois que je me trouvais à Berne, chez une vieille amie (non pas très âgée) qui fut ma partenaire à de lointains cache-cache, et que je sollicite encore, de temps en temps, parce qu’elle a de petits seins qui ne se friperont jamais et un ventre qui tout spontanément exhale une bonne odeur de vanille et d’ambre gris.
Mon amie m’avait présenté à lui comme à sir Horatio Mountarse, premier secrétaire à la Légation du Royaume-Uni ;  je la connaissais assez pour ne point douter qu’il ne l’eût faite, à moins qu’il ne fût dégouté des femmes. Cependant, en dehors du plaisir que l’on éprouve à renouer une liaison, l’objet de mon séjour dans la capitale aux ours était surtout d’y faire réparer une montre ancienne à laquelle j’ai la faiblesse de tenir ; dans le boitier de celle-ci, en effet, quand elle fonctionne, douze petits écoliers mécaniques au point de chaque heure viennent se présenter, braies basses, à un magister, qui sodomise un nombre de culs correspondant à l’heure du cadran. Or la réparation achevée ce matin-là, j’avais la montre dans ma poche et, comme c’était l’heure du thé, j’avais pu à mon amie et à sir Horatio donner le spectacle du maître d’école en train de pousser cinq coups.

Très en admiration devant mon bibelot :
Aimez-vous le bordel ? M’avait demandé le diplomate.
Beaucoup plus, assurément, que le solitaire ou le jeu de grâces. Y en aurait-il un, dans cette ville de protestants à la queue froide et aux pieds noirs ?
Non pas de façon officielle ; mais – réservez-moi votre soirée – je vous mènerai dans un établissement où je fréquente, et qui n’est pas sans charme;

Alors, dans les quartiers bas, sur l’autre bord de l’Aar, j’avais accompagné sir Horatio jusqu’au fond d’une ruelle infecte, devant un seuil obscur où, du fer de sa canne, il avait battu longuement et suivant un rythme trop compliqué pour que je puisse encore m’en souvenir. La porte ouverte, reconnu le diplomate Anglais, vous avions été introduits dans l’une de ces vacheries de hasard, telles qu’il s’en trouve en grand nombre dans certains cantons arriérés de la Suisse alémanique, où chaque fille n’est pas tout de suite prête à bâiller son con et son cul au premier venu.

Sous un toit de grosse poutres, autour d’une vaste salle au plancher de bois blanc, je me rappelle un grand carré d’étables qui contenaient chacune une vache de race Emmenthal, sur une litière fort épaisse mais plus sale qu’on ne s’y fût attendu, étant donné son rôle ; dans le milieu, des tables, où les clients, nombreux ce soir-là, buvaient de la bière à d’énormes chopes que renouvelaient aussitôt vides, des servantes bien représentatives de l’espèce bernoise. Je veux dire qu’elles étaient ventrues, lourdement tétonnières, grassement fessues et jambées – plutôt excitantes, au demeurant, avec leur air colossalement stupide.  »Un écu la petite partie », proclamait le patron, en faisant d’une table à l’autre circuler un objet qui me parut répugnant et qui était un vieux ventre de poupée creusé en tirelire d’un con bordé de poils de lapin ; dans ce con, à la mesure exacte de l’écu d’argent frappé d’un Guillaume Tell, les bambocheurs enfournaient leur finance. La plupart du temps il ne se passait rien du tout (et le patron de la vacherie faisait bien ses affaires), cependant il arrivait que surgît du nombril, après l’introduction, le drapeau de la Confédération helvétique, et dans ce dernier cas toutes les servantes accouraient au gagnant pour qu’il choisît l’une d’elle. Curieusement, selon ma façon de penser, elles l’entouraient en lui tournant le dos, boutonnées du haut en bas par devant avec beaucoup de modestie, mais la jupe relevée sur leurs fesses que ne voilait aucun linge. Il paraît que c’est au cul seulement que l’on peut juger d’une femme en Suisse alémanique.

Après avoir choisi, le gagnant emmenait sa prime dans une étable ; et là certaines fermaient le double portail, en sorte que l’on ne voyait pendant le  »petit moment » que les parties hautes de la vache, mais les plus nombreux, pour parader devant les copains restés à table, laissaient grand ouvert, se déshabillaient publiquement (accrochant souvent aux cornes, par plaisanterie, le pantalon ou la chemise) déshabillaient la boniche, et puis la besognaient au vu de tous sous le ventre du bovidé paisible d’ailleurs, pour avoir été bien longtemps habitué à la chose.

Sir Horatio et moi jouâmes de nombreuses parties, et je fus le premier à obtenir l’érection de la croix de Genève. Mes préférences, bruyamment moquées par les buveurs, allèrent à la moins plantureuse des femelles, une fort belle fille, au moins pour ce qui n’est que des formes, mais qui avait, ainsi que ses congénères, le cuir tellement épais que je pensais manier plutôt de la couenne que de la peau de femme. Dévêtus elle et moi, je ne fermai pas les portes, car je pensais que sir Horatio, pour m’avoir conduit en si délectable crapule, voulait se payer du spectacle de ma fouterie. C’est une étrange sensation que de se trouver couché tout nu, fût-ce avec une vraiment belle femme, sur une litière souillée de bouse et d’urine, entre les pattes d’une vache qui pourrait vous écraser ou vous blesser grièvement d’un coup de sabot. Ma compagne (c’est Litzi, qu’elle me dit se nommer) m’avait fait mettre le visage à peu près sous le cul de la bête ; et pendant que Mlle Litzi, montée sur moi, travaillait énergiquement de la croupe, je caressais les mamelles enflées de la plus grosse créature, m’amusant à traire et à faire gicler sur notre couple un liquide crémeux et tiède.

Sir Horatio gagna plus tard, mais il s’enferma très soigneusement, et nul ne vit comment il prenait plaisir avec la jeune obèse de son choix. Des habitués, seulement, firent à haute voix cette observation que jamais la vache n’avait tant montré d’inquiétude. A la fin, le diplomate sortit de l’étable, où il était resté près de trois quarts d’heure.
Je vous montrerai mon vit une autre fois, me dit-il, et quand je banderai, ce qui arrive rarement. Je n’ai fait aujourd’hui que m’amuser un peu.

La fille ruisselait de pissat de vache. Vainement essayait-elle de tordre, pour les égoutter, ses longs cheveux couleur d’éponge. Elle avait un air vexé qui était tout à fait réjouissant, et je pensai que j’avais été bien sot, avec la mienne, de ne trouver rien de mieux que de me faire chevaucher à la paresseuse sous une petite pluie de lait. Sir Horatio était boutonné à son ordinaire, comme s’il était sorti plutôt d’un cabinet de toilette que d’une étable à putains.

Dans la rue, quand je le remerciai de l’excellente soirée, il m’invita à venir l’année suivante à Gamehuche, chez lui ; ajoutant qu’il s’était démis de son emploi diplomatique, et qu’il avait l’intention, dès que serait terminé l’aménagement, tel qu’à son goût, de ce vieux fort acheté sur la côte Bretonne, de s’y retirer strictement pour y poursuivre certaines études qui l’intéressaient – qui m’intéressaient aussi, dit-il encore au point de nous quitter, il en était sûr maintenant qu’il me connaissait bien.

La guerre avait retardé de huit ans notre rendez-vous, mais nous n’avions cessé de nous écrire, quoique à de longs intervalles. Ses dernières lettres m’avaient appris qu’il avait changé de nom – ou plus précisément qu’il avait traduit le sien en Français – puisque, dorénavant, sir Horatorio Mountarse fait place à M. De Montorgueil…

(à suivre)

L’anglais décrit dans le chateau fermé – A.P. de Mandiargues – Chapitre II

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Chapitre II: Viol a

Tout d’abord, il me faut dire que le mot de  »château », qu’à son adresse avaient employé les paysans rares auprès de qui, sur la lande, je m’étais informé du chemin, correspondait très mal à la nature véritable de ce lieu. Gamehuche n’était en réalité qu’un vieux fort (qui souvent avait dû servir de prison), certainement antérieur à l’époque de Vauban, désaffecté probablement à la fin des guerres de l’Empire. Jusqu’à quel point avait-il été transformé dans la dernière période, je ne sais.
La matière dont il était construit, un granit bleu-noir beaucoup trop dur pour se prêter à ces faiblesses de la pierre que sont la patine et l’érosion, lui donnait l’aspect du neuf, si bien qu’il était pratiquement impossible de distinguer ce qui appartenait encore à la construction originale des restaurations capricieuses que lui avaient imposées ses nouveaux propriétaires.

Frappait surtout, à première vue, le dessin de l’ensemble, par la géométrie singulière autant que rigoureuse à laquelle il obéissait. Gamehuche de l’extérieur, se présentait comme une énorme tour basse, absolument dépourvue de fenêtres ; mais ce qu’on voyait là, que ce fût de la plage ou d’un bateau sur la mer, n’était jamais que le mur d’enceinte, parfaitement rond, lisse et partout égal à lui même. N’était le site, on eût pensé aux dehors d’une arène ; mais à quels bestiaux combats destinée – et quel peuple l’aurait pu remplir – sous ces brumes ou bien ces rafales de vent de mer, en cette solitude de rochers nus battus des vagues ?

A l’intérieur du cercle défensif se dressaient contre le mur un donjon, d’un ovale un peu allongé, et six tours plus petites, deux desquelles, tangentes au donjon, formaient avec lui le principal corps d’habitation, tandis que deux autres se trouvaient aux extrémités du diamètre parallèle à l’axe de ces bâtiments, et que les deux dernières flanquaient la porte d’entrée.
Une fenêtre unique au premier étage de ces deux-là, étroite, grillée de surcroît, les distinguait du reste de la construction intérieure où de grandes baies diaphanes, qui couvraient presque toute la surface disponible, ne laissaient à la pierre que la mince fonction de servir de cadre à la vitre. Les toits de tout cet édifice étant plats, contrairement au style du pays, et soudés, pour faire terrasse avec le chemin de ronde, rien ne passait au-dessus du parapet qu’en buste les habitants du château, quand un jour de soleil, ou quelque moins banale occasion, les y avait attirés.

Tu as du bagage ? Il faudrait le porter à la tour d’ami.

Le nègre se rappelait à mon attention, vexé, peut être, qu’elle se perdit aux nuages que bousculait le vent et au bruit des lames rompues qui déferlaient sur les blocs, en bas du rempart. Je tirai du coffre deux valises, pour les lui donner, mais il n’en prit qu’une, et je ne fis pas de façons à prendre la seconde, cette égalité de maître a serviteur, qu’avec une certaine arrogance dans la voix et dans le geste on m’imposait, n’étant pas, mais au contraire, pour me fâcher. Car elle soulignait le fait qu’en franchissant le seuil de Gamehuche j’étais entré dans un monde excentrique et clos, qui avait d’autres lois et d’autres coutumes que celui d’où je venais. Elle apportait aussi, et sans trop tarder je devais les connaître, de succulents avantages.

J’allais donc suivre celui qu’en dedans de moi-même je nommais déjà  »mon frère noir », quand bâilla la porte de l’une des tours médianes (celle de droite, précisément, par rapport à la porte cochère), produisant une apparition qui m’enchanta.
C’était une mulâtresse très jeune ( je sus, plus tard, qu’elle venait d’avoir dix-sept ans ), délicieusement chatte ou guenon, par son visage un peu plus petit que le naturel selon les proportions de son corps. Le nez un peu trop court, la bouche un peu trop grande, elle ouvrait très grands aussi des yeux roux dans la peau la plus lisse et fraîche qui se pût rencontrer ; ses cheveux, plus bouclés que crépus, retombaient d’un seul côté sur l’arrondi d’une belle épaule. Vêtue d’une sorte de peignoir en satin corail bordé de cygne feu – ledit peignoir d’allure assez Louis XVI, avec ses manches larges et son échancrure à cacher le moins possible de gorge – elle avait aux pieds de minuscules souliers mauves sur des chaussettes blanches brodées de baguettes rouges.

Monsieur l’ami de Montorgueil, bonjour, me dit-elle. Moi c’est Viola.
Bonjour, dis-je, madame Viola.

Elle se mit à rire avec les grâces d’une bête qui mordille, et puis :

Appelle-moi Viola tout court. Je t’appellerai Balthazar. C’est un nom que j’aime bien ; je l’ai donné à tous les hommes que j’ai aimés dans ma vie. Ils étaient comme mes frères.
Surpris de cet écho à mes pensées inexprimées, point mécontent de tel incognito prometteur, je m’inclinai. Pourtant, je voulus questionner encore :

Et Montorgueil, l’appelles-tu aussi Balthazar ?

Montorgueil est Montorgueil, me fut-il répondu avec une vivacité qui me découvrit de la gorge ces riens que je n’avais pas encore vus ; les Balthazars sont les Balthazars. Il y a des manières pour le loup et des manières pour les moutons. Ne pense pas trop à ces choses, mon bon frère balthazar, et viens plutôt à la tour d’ami. Je vais t’y mettre à ton aise.

Elle avait pris mon bras sous le sien et, ce faisant, elle agaçait doucement de ma main à travers l’étoffe la pointe de son téton ; plus pointu en vérité, que je n’eusse cru possible à téton de l’être, car je n’avais empaumé, avant cette fois, que des seins de femmes blanches. Ainsi bien occupés, nous traversâmes la cour en nous dirigeant vers l’autre des tours médianes, où le nègre, d’ailleurs, nous avait précédé avec ma valise. La porte, étroite pour deux, me sépara fort à regret de la jolie Viola, mais en la poussant poliment devant moi je constatait qu’elle avait le cul non moins développé ni ferme que le buste. Quelques marches et deux grands pans de tentures à soulever nous donnèrent accès dans une pièce ronde, qui était la salle de bains, tout à fait superbement.
Vasque plutôt que baignoire, un bassin à fleur de pavement occupait le centre de cette pièce-là ; le centre du bassin, à son tour, était marqué à fleur d’eau par un très gros galet dont la forme, pour rappeler les armes parlantes (dirai-je l’écu ?) du seigneur de Gamehuche, ne manquait pas de surprendre un visiteur non averti ( mieux: c’était quoique modelé probablement par les vagues, absolument ainsi que les fesses d’une colossale Vénus des cavernes). Deux trous que l’on avait percés où il fallait, dans ce caillou, laissaient à volonté sourdre l’eau chaude et l’eau froide ; et l’on perdait pied si l’on avait caprice de faire à la nage un tour de galet près du trou qui pissait froid, tandis que vers la source chaude le fond sensiblement se relevait.

La première tenture était de gaze bleue ; la seconde, intérieure, de robuste tissu huilé, d’un rouge brun, dont il se fait des suroîts et des bâches pour les canots. Celle-ci couvrait tout le plafond, d’où elle retombait jusqu’au sol derrière trois bancs de liège brut, et s’écartait devant les vitres voilées seulement de l’autre, plus légère, qui donnait à la pièce un éclairage assez comparable au jour bleuâtre que l’on a pu voir en quelque grotte marine. Derrière ce double rideau, un escalier tournant, fixé au mur, conduisait à la chambre du premier étage.

Là haut, quand nous fûmes arrivés, sans nous être attardés dans la salle de bains plus que le temps d’y jeter un petit coup d’œil, et d’admirer, nous vîmes le nègre couché paisiblement sur le lit.
Gracchus, dit Viola, laisse nous. L’ami Balthazar a besoin de se reposer.
Çava bien, dit l’autre, j’ai compris. Il n’a pas mis longtemps à devenir un Balthazar aussi , celui-là.
Et levé non sans un ou deux grognements encore, il disparut par l’ouverture du plancher. La mulâtresse rabattit une trappe. Nous fûmes seuls.

La chambre, beaucoup plus haute que la salle de bains, était aussi plus étendue, puisque l’on avait pas eu besoin d’y faire place à l’escalier ni à cette sorte de couloir entre le mur et le rideau imperméable. Du plafond descendaient deux flots de mousseline, blanche à l’intérieur, rouge clair à l’extérieur, appliqués contre la paroi par un système étoilé de vergues à mi-hauteur d’un mât de sapin naturel, lequel portait son gracieux toit de gaze ainsi que le dais d’un petit sérail ambulant. Comme dans la pièce du bas, mais sous un meilleur éclairage, une baie vitrée laissait largement entrer le jour, que le double écran rouge et blanc teintait d’aurore ainsi qu’aux reflets d’une chair allumée par des coups de fouet. Le mât se trouvais planté au centre d’un très grand lit tout rond (où, les têtes sur des oreillers autour de la tige, les jambes divergentes, facilement eussent dormi huit personnes, et dix ou douze en cas de besoin) ; ce lit couvert de peaux à longs poils, de chèvres sans doute, teintes en rouge vif, en violet, en rose. D’autres peaux, mais de moutons et à laine courte, qui variaient seulement du rose éteint au jaune paille, servaient de tapis entre le lit et un divan circulaire qui faisait le tour de la pièce – sauf à l’endroit où débouchait l’escalier. Les peaux, de chèvres, comme sur le lit, qui chargeaient le divan, allaient d’un brun presque noir à l’ocre et à ce beige presque blanc qui est précisément la couleur isabelle. Planait sur le tout, mêlé à l’odeur fortement musquée des toisons, un parfum lourd et gras, tel qu’aux souks en Orient.

Après avoir dans l’ordre du divan dérangé quelques couvertures, Viola releva un segment de banquette, qui servait de couvercle a un coffre profond où furent englouties mes valises. Puis elle disposa des coussins pour m’asseoir sur le lit très commodément, s’agenouilla devant moi, défit les nœuds de mes souliers et ôta mes chaussettes. Approchant mes pieds de son visage, elle les frôlait de ses cils, passait sur la plante et entre les orteils une petite langue bien musclée…

(à suivre)

L’anglais décrit dans le château fermé – A.P. de Mandiargues – Chapitre 1

in L'anglais décrit..., Littérature

NILS souhaite nous faire découvrir une œuvre d’André Pieyre de Mandiargue : « L’anglais décrit dans un château fermé » En voici le premier Chapitre :

André Pieyre de Mandiargues

Personnage qui occupe une place tout à fait particulière dans la littérature Française. Imprégné de surréalisme, d’érotisme, d’art ,chantre patient à l’écriture précieuse, bègue, aristocrate, poète, Mandiargues (1909-1991) signe dans les années 50 :  »L’anglais décrit dans le château fermé ».
C’est un récit dans la lignée des 120 jours de Sodome ou de  « Saloo » de Pasolini. Un conte sulfureux où les pires fantasmes de l’être humain prennent une forme acide et liquoreuse à la fois. A propos de ce texte il dira qu’il a produit là  « un livre assez abominable » mais que  « j’avoue chérir ».  »Si j’ai eu des passions dans ma vie, ce n’aura été que pour l’amour, le langage et la liberté. Malgré le désir, présent en moi toujours, d’être poli, l’exercice de ces trois passions capitales n’a pu aller, ne va pas et n’ira encore sans quelque insolence. Tant pis, tant mieux ! »

 « L’anglais décrit dans le château fermé »

Je prie que l’on veuille bien considérer ce livre comme une sorte de corrida

Cette attraction sexuelle vers le raffinement de la douleur est aussi naturelle chez un homme sainement constitué que la tendance du lapin mâle à dévorer ses petits.

W.M Rossetti (dans un essai sur Swinburne)

Chapitre I: L’arrivée

Quand vous viendrez à Gamehuche, m’avait dit Montorgueil, informez vous bien de l’heure de la marée. Le chemin d’accès, submergé la plupart du temps, n’est praticable que pendant à peu près deux heures, au moment de la basse mer. Ainsi ferez-vous donc : vous achèterez une gazette locale: le phare de Phale, qui parait le samedi et qui pour toute la semaine indique l’heure de la haute et de la basse mer à Saint-Quoi-de-Phale ; vingt minutes ajoutées aux chiffres de cet horaire vous donneront exactement celui de la marée à Gamehuche.

Je n’avais pas négligé ces instructions, et je pensais, selon mon calcul, arriver pendant que la mer baisserait encore : mais le mauvais état des routes et le manque de panneaux indicateurs, en cette région des moins habitées de la Bretagne, m’avaient retardé tellement que la basse mer était passée depuis plus de trois quarts d’heure quand je fus sur la plage, devant la chaussée qui devait me conduire au château. J’hésitai un peu avant d’engager ma voiture sur cet étroit chemin, façon de digue et dont les vagues, au centre, effleuraient déjà le parapet ; puis, comme deux kilomètres, à peine, me séparaient du château, dont s’apercevait la sombre masse au milieu des flots détachée sur un ciel encore clair, je remis le moteur en marche.

Jadis, ce devait être à pied, par les rochers glissants, ou bien en barque à marée haute, que l’on allait à Gamehuche. Le chemin de voitures, en ciment, je ne lui aurais pas donné un demi-siècle d’existence et je sais qu’un observateur non prévenu tend plutôt à surestimer l’ancienneté des ouvrages de cette sorte, qui résistent mal et peu de temps aux coups de mer. Le besoin s’y faisait péniblement sentir d’autres réparations que celles, récentes, dont je voyais les traces sous le jeune varech. Si le parcours avait été plus long, je ne me fusse pas félicité de l’avoir entrepris. Il me fallait veiller sans cesse à des trous creusant profondément la chaussée, qui étaient de ceux que cinq ou six galets, comme des œufs, font appeler nids de poules ; a des crevasse d’un parapet à l’autre touffues de mousses marines, entre des lèvres envahies par le coquillages ; à de petites mares où des fonds de sable ou de gravier rendaient la direction incertaine ; à des tiges de fer rouillé crevant par endroits le ciment, et qui étaient le danger principal. Le parapet à droite et à gauche, n’arrivait pas plus haut que les moyeux de la voiture ; encore était-il percé de bouches d’écoulement par où fusaient des jets impétueux, quand une vague avait battu sur leurs orifices. Vers la fin du parcours, le chemin se relevait suivant une pente assez raide où patinaient les roues, mais là, quand je fus sorti des algues et de l’humide, c’est avec soulagement que je vis plus bas au-dessous de moi le niveau de la mer. J’arrêtai la voiture à la porte du château, sur une plate-forme où je crois que l’eau n’atteignait pas, sinon peut être aux grandes marées d’équinoxe.

Tout de suite après mon coup de sonnette, je vis que l’on m’observait derrière un petit judas, car une ombre l’avait obscurci ; puis il redevint clair. La porte fut entrebâillée, produisant un nègre au corps superbement athlétique, jambes nues dans des culottes en velours vieux vert, la veste pareille avec des boutons de cuivre timbrés d’une paire de fesses.

C’est toi l’ami de Montorgueil, me dit familièrement ce personnage d’un siècle ou d’un théâtre que je n’aurais su définir. Tu es arrivé bien juste à temps…

Il me montrait le chemin que je venais de prendre. Une vague, à ce moment même, dans un grand éclaboussement joyeux d’écume et de gouttelettes, bondissait par dessus la jetée ; d’autres suivaient, dont la haute échine promettait autant de panache et de force.

Nous t’attendions plus tôt, dit-il encore. Veux-tu faire entrer ta voiture dans la cour ?

Et il ouvrit à deux battants la porte qui, par une rampe de quelques mètres, donnait accès à la cour intérieure du château, le niveau de la dite cour étant un peu plus élevé que celui de la plate-forme.
Derrière moi, j’entendis le bruit des portes, dont criaient l’un contre l’autre les joints de fer qui leur assuraient une fermeture hermétique. Je tournai la clé de contact. Comme un cœur qui cesse de battre, le moteur eut un petit hoquet, puis fut silencieux. Un peu étourdi, je descendis de mon siège, et je promenai les yeux sur le lieu que Montorgueil avait choisi pour s’y retirer du monde et où il m’avait donné rendez-vous.

(à suivre)

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Le Destin de Cassandre chapitre XXVI

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Chapitre XXVI

Les hommes installés dans le petit salon se retournent en entendant mes pas dans l’escalier, l’attrait de la nouveauté sans doute. Les yeux rivés sur les dernières marches, une façon de me préserver un peu des autres filles, je descends lentement un peu à la façon des plus grands à la cour, je tiens à marquer les esprits et que tous se souviennent de la fille soumise de la Du Quesnoy !

Il y a une dizaine de filles toutes très différentes et pourtant si semblables ! Le regard est lourd de maquillage, la bouche mise en évidence par un rouge agressif et la Marquise les a toutes affublées de robes ouvertes comme la mienne. Heureusement, j’ai l’âge pour moi, mais la concurrence pour attirer les clients sera tout de même assez rude,  elles ont l’expérience pour elles ! Dans un coin du salon, je remarque une fille un peu plus jeune, je dirais du même âge que moi ou peu s’en faut, elle est sagement  assise près d’un barbon ventripotent qui maltraite sa poitrine opulente de ses doigts boudinés. Il se dégage d’elle une aura de sérénité qui choque dans cet endroit.  Son visage mutin est piqueté d’une multitude de tâches de rousseurs, bien sûr on pourrait se moquer car la mode est au teint immaculé mais sa beauté non conventionnelle  plait surement aux hommes. Mon expérience au sein du harem m’a appris à me défier des idées toutes faites, ce que les femmes considèrent comme beau est souvent en contradiction totale avec la vision qu’en ont les hommes ! Instinctivement, je me dirige vers eux.

« Viens par ici Cassandre ! »

La voix sèche de la Marquise m’interrompt,  je me tourne vers elle et change de direction, obéissant à l’ordre énoncé. A ses côtés, Gabriel, le valet/étalon, besogne vigoureusement une jolie rousse occupée par ailleurs à contenter de sa bouche un homme d’église qui me rappelle mon  Chevalier, il a ce même visage avenant, légèrement poupin. Je connais cette sensation inouïe d’être prise entre deux mandrins de chair, les coups de boutoir de l’un enfonce dans le même temps la verge de l’autre au fond de la gorge jusqu’à être proche de l’étouffement. On se sent transpercée de part en part et c’est si bon !

« Cassandre, prends la place d’Anaïs, elle ne met pas assez d’entrain. N’est-ce pas mon cher ? Je suis persuadée que vous apprécierez ma petite nouvelle. Gabriel retire-toi !»

« Ma foi, la nouveauté  n’est pas pour me déplaire, Marquise. Encore faudrait-il que j’arrive à sortir mon chibre de la bouche de votre suceuse d’homme, on dirait une sangsue depuis qu’elle se sait en compétition ! » L’homme accompagne sa tirade d’un si grand éclat de rire que tous les présents se retournent et applaudissent à la répartie.

Il est temps pour moi d’agir. Je vais pousser cette jeune personne si elle ne bouge pas d’elle-même, je dois montrer ma détermination, mais il me suffit d’un regard pour qu’elle arrête immédiatement la fellation entreprise plus tôt ! L’homme est  membré comme un âne, je suis sidérée que la fille ait avalé en entier cette chose monstrueuse, je me serais montrée moins empressée si je l’avais vue avant ! Je peux à peine prendre son gland rougeâtre entre mes lèvres distendues, la circonférence est d’au moins 5 cm quant au reste je n’arrive même pas imaginer en gober un quart, vue sa longueur ! Mais voilà, Gabriel est déjà à la porte de mon con, il n’a pas perdu un instant pour se remettre en selle et ce n’est pas pour me déplaire ! Je sens avec délices mes chairs s’ouvrir pour absorber le pieu qui investit ma grotte et me pousse en avant. Prise entre ces deux monstres, je suis comme une poupée de chiffon entre les mains d’une petite fille, malaxée, étirée, froissée de toutes parts…je ne maîtrise plus rien et j’aime ça ! Je sens mon sexe suinter de désir, mes lèvres s’appliquent à enrober de douceur la colonne de chair suave qui tape le fond de ma gorge et ma salive s’écoule en longs filets de ma bouche…je dégouline des deux côtés…je ne suis plus qu’une catin avide de sexe, rien n’existe plus mis à part ce désir qui me transporte et je ferme les yeux pour rester dans cette bulle de plaisir.

Quelque chose de très chaud vient de heurter mon dos, comme un liquide que l’on verserait goutte à goutte dans le creux de mes reins cependant je sais qu’il n’en est rien. Je ne saurais définir ce que c’est pour le moment. Un picotement puis une chaleur qui se diffuse dans tout mon dos, la petite pluie s’intensifie maintenant, de même que la chaleur devient de plus en plus forte,  ce qui était agréable devient douleur et je me tortille autant que je le peux pour éviter cette averse brûlante mais prise comme je le suis, je ne peux pas m’échapper et d’ailleurs en ai-je vraiment envie ?

Le souffle de Gabriel est plus heurté, sa délivrance n’est plus loin. Il a pris à pleines mains la rondeur de mes hanches, mon cul, martelé avec toujours plus de vigueur, est maintenu fermement. Je crois avoir deviné ce qui, il y a quelques instants encore me brûlait… : de la bougie. Je sens les gouttes tombées sur mon dos, durcir en refroidissant et faire des petites croutes qui tiraillent ma peau. Je me demande quel plaisir cet homme a pu avoir en me versant la cire chaude, celui de me voir me tortiller comme un ver arraché à la terre ? Quoique en y repensant, Gabriel ne fait qu’obéir comme moi ; il est un pion entre les mains de sa maîtresse comme je suis la marionnette du Sultan. Nous sommes tous les deux, là, pour satisfaire leurs désirs égoïstes, la seule différence est que Gabriel est payé pour cela !

Le sexe dans ma bouche vient de tapisser ma gorge de longs jets de sperme au goût acre. Je me suis aperçue que chaque homme avait une saveur particulière et même la texture est différente. J’en viens à me demander si cela ne vient pas de leur façon de manger ou boire ? Les hommes qui boivent de l’alcool ont un sperme qui est beaucoup plus amère que les autres. Mes mâchoires distendues sont soudain soulagées, l’homme a eu son plaisir et se désintéresse totalement de moi, d’ailleurs il réajuste ses chausses sans plus se préoccuper du corps qui a accueilli sa semence.

« Ma chère Marquise, vous avez trouvé là une perle ! »

Au moins reconnait-il ma valeur !

« Mais mon cher, j’ai toujours le meilleur pour ma clientèle ! La qualité pour des gens de qualité ! J’ai une autre petite qui vous plaira, cette perverse aime recevoir les hommes dans ses reins et pousse des petits cris délicieux, tous ces messieurs s’accordent à me le dire. »

« Je ne manquerai pas de l’essayer à ma prochaine visite, mais pour l’heure il me faut regagner ma demeure et la sorcière qui la régente !»

« Venez donc plus souvent, mes filles vous feront oublier votre mégère. » La marquise s’est approchée de nous avec un grand sourire, c’est fou ce que cela peut changer son visage…elle devient presque belle !

« Cassandre, ne reste pas plantée là, va donc voir Jeanne qu’elle te nettoie le dos. C’est la donzelle dans le coin là-bas près de l’escalier…tu devrais t’entendre à merveille avec elle, elle est du même acabit que toi. Toutefois, ne t’attardes pas, tu as d’autres clients a contenter ce soir. »

Jeanne est la jolie fille que j’ai remarquée en arrivant au salon, j’espère que je pourrais m’entendre avec elle car elle parait être du même âge que moi, j’avoue que j’aimerais avoir une confidente…ça me ferait du bien de pouvoir parler. Je pressens que comme moi, elle aime le plaisir dans la douleur.

L’avenir me dira si je peux trouver une amie au sein de cette maison…

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Le Destin de Cassandre chapitre XXV

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Chapitre XXV

La Marquise a prit un ton sec pour donner ses ordres. Je souris, c’est une maîtresse femme, je suis dans mon élément.

Un jeune laquais vient d’entrer. Il est beau dans sa livrée à rayures bronzes et blanches, ses yeux verts émeraudes me dévisagent mais il ne semble pas surprit.

« Cassandre, je te présente Gabriel. Il est notre étalon maison. Tu m’as dit que tu savais satisfaire les hommes. Montre-moi ce que tu sais faire. Henriette ! Ouvre ton corsage et viens t’asseoir à côté de moi pour profiter du spectacle ! »

Gabriel, n’a pas bougé depuis son entrée dans le salon. Je m’approche de lui à quatre pattes. Je creuse mes reins. J’ondule ma croupe, j’en sais l’effet sur les hommes. Je ne suis pas déçue quand mes mains remontent lentement sur ses jambes musclées et s’arrêtent au centre de son anatomie. J’ouvre ses hauts de chausse et je sors sa verge déjà bien enflée. Elle est énorme. Je peux à peine en faire le tour de mes doigts. Je vais aimer la sentir en moi. Je caresse la veine qui courre le long. Je flatte ce membre doux comme de la soie.

« Elle est très belle… Je l’aime déjà ! »

J’ai envie de gober ses testicules ombrés d’un doux duvet blond. Ma langue lèche la peau tendre de son sexe et il grossit encore. Je prends son gland dans ma bouche, je le suce doucement. D’un coup de reins, Gabriel s’enfonce en moi, jusqu’au fond de la gorge. J’ai du mal à retenir des hauts de cœur. Mais comme j’aime ne plus avoir le contrôle…ma chatte est en feu !

« Gabriel, n’oublies pas ton rôle, prends la sur le pouf ! »

J’avais oublié la Marquise, tout ce qui n’est pas ce sexe dans ma bouche.

Gabriel se retire. Je m’accroche à ses fesses. Je veux sentir la saveur de son foutre dans ma gorge. Il est fort, me soulève sans effort et me pose sur un pouf. Mon dos repose sur le coussin de taffetas de soie bronze, mes pieds sur le sol de chaque coté, je suis offerte. Je souris, il va investir ma grotte. Je vais sentir son pieu me remplir, cogner le fond de mon ventre. Je suis une chienne en chaleur, je veux sentir coulisser sa queue dans ma chatte. Ma liqueur coule jusqu’à mes reins, il faut qu’il me prenne là aussi.

La douleur dans mon anus sera bonne.

« Prends-moi le cul ! »

La Marquise est occupée avec sa servante, ses seins à l’air, elle embrasse à pleine bouche la jeune femme. Le spectacle lui plait.

Gabriel m’a retournée a plat ventre. Je tends mes fesses vers lui, je m’ouvre pour lui faciliter le passage. Je suis écartelée par son mandrin, il pilonne mes reins sans plus se soucier de moi. J’ai mal. Dieu que c’est bon !

Il ne faut pas que j’oublie mon rôle, j’essaye de me ressaisir.

Je repousse Gabriel, non sans mal. Pour la Marquise, il faut qu’il jouisse sur mon visage. Je reprends son sexe entre mes lèvres, il a mon goût, mon odeur. Les soubresauts dans ma bouche ne me trompent pas, je le sort et reçois sa semence sur le visage.

Je suis fière de moi, frustrée de ne pas avoir joui mais fière d’avoir réussi le test.

« Ai-je passé avec succès mon examen d’entrée ? »

« Avec brio, petite diablesse ! Tu emménages quand tu veux ! Nous t’attendons. »

« Je serai chez vous dès demain ! ».

Je vais devoir être patiente pour ma mission, rencontrer tous les hommes que je peux même les plus insignifiants en apparence mais qui seront peut-être importants au final, mais il est sûre que demain je serais là !

Mon éducation va me servir, plaire avec ma soumission sera facile. J’aime obéir. La Marquise en profitera, elle va même m’aider sans le savoir.

La même jeune femme est venue m’ouvrir et me montre mes nouveaux appartements.

La chambre qu’on m’a attribué est petite mais coquette, le lit à baldaquin est grand, semble moelleux. Il y a une petite cheminée, je n’aurais pas froid. Sur une sellette en marbre rose sont disposés broc, cuvette et serviettes de lin. Je découvre sur un des murs les instruments qui vont servir au plaisir de mes futurs clients. Je n’ai pas le temps de m’attarder à les admirer, la jeune servante qui vient de déposer mon bagage m’enjoint de la suivre.

« Je m’appelle Anne, mademoiselle. Je suis servante au service de Madame la Marquise. Elle m’a mandée auprès de vous. Je suis chargée de vous habiller, de vous coiffer, de vous maquiller et plus généralement de veiller à votre confort parmi nous. J’aimerais maintenant faire votre toilette. »

Le cabinet de toilette carrelé d’une jolie faïence bleue, respire le raffinement, la baignoire qui trône au centre de la pièce est en cuivre on y accède par une petite marche, de jolies serviettes sont posées sur une desserte en marbre blanc, un feu dans la cheminée chauffe la pièce.

Anne se déshabille, ça ne m’étonne pas, un test de plus sans doute. Elle est jolie. Des hanches fines, des petits seins en poire, une taille bien dessinée, elle se sait avenante. C’est à mon tour d’être dénudée, la coquine en profite pour me caresser légèrement la pointe des seins. C’est agréable, je me sens bien.

L’eau du bain est délicieuse, juste à bonne température. Anne a entrepris de me laver, avec l’éponge, elle passe et repasse sur les endroits sensibles. Je vois que je ne la laisse pas indifférente, le rouge de ses joues et sa respiration un peu haletante en sont les indicateurs. Je me laisse faire, sans un mot.

« Mon dieu, je me laisse aller ! Je dois vous maquiller et vous faire essayer votre robe pour la soirée, puis vous amener chez la Marquise, dépêchons nous ! ». Anne vient de se rappeler les ordres.

Dommage, je commençais vraiment à apprécier ses caresses !

« Venez, mademoiselle ! Il nous faut prendre votre robe. »

Nous sommes toujours nues, elle ouvre une porte dérobée et je découvre une pièce remplie de dizaines de robes, toutes plus luxueuses les unes que les autres, dans des tons qui vont du blanc le plus pur au noir d’encre, les tissus sont riches, de la soie, du taffetas, du velours.

« Asseyez-vous, Mademoiselle, il faut que je vous coiffe et que je vous maquille »

Anne est douce, la brosse démêle ma longue chevelure sans à coup, j’aime qu’on me peigne, qu’on lisse mes cheveux rebelles.

Pour le maquillage, elle utilise un petit pinceau qu’elle trempe dans une poudre rouge carmin et en caresse mes pommettes. Anne ajoute une touche sur la pointe de mes seins, ça me chatouille un peu mais ce n’est pas désagréable. Avec ce rouge je suis indécente au possible, je vais plaire à ces messieurs.

J’appréhende un peu, je sens mon ventre se crisper, mon petit bouton grossir, j’aime ce mélange de crainte et de désir. Je suis faite pour obéir, j’ai appris à le reconnaître, je jouis des ordres donnés.

Anne me tend une robe.

« Madame la Marquise à choisi cette robe rouge pour vous pour ce soir ! »

Je ris. La robe est rouge avec des touches de blanc, la soie est douce, de très bonne qualité mais la coupe de la jupe est pour le moins originale. Deux pans la constituent, séparés en leur milieu à partir de la taille, ils laissent mon fessier et mon pubis à découvert en permanence. Quant au haut, il est corseté, la taille très serrée et s’arrête juste sous les seins. Je l’adore, elle met en valeur tout ce dont j’ai besoin pour séduire.

J’enfile les bas blancs que me tend Anne et noue les petits nœuds de satin pour les retenir. Je chausse, enfin des mules rouges et blanches à très hauts talons.

Je me sens belle, scandaleuse à souhait.

Anne ajoute une dernière touche à ma tenue, elle me passe un lourd collier de faux diamants autour du cou qui brille de mille feux entre mes seins blancs. Je pince les pointes durcies, la légère douleur me donne le courage de me lancer dans l’arène.

Je vais contenter ces messieurs au-delà de leurs espérances et la Marquise sera ravie. J’espère pouvoir lier quelques sérieuses amitiés avec les filles de la maison pour obtenir des renseignements sur les hommes importants.

Pour l’instant, je vais descendre dans l’arène et montrer à la Marquise ce qu’une femme peut obtenir grâce à la soumission !