L'Anneau de Justine

Pour te séduire j’ai usé et abusé des stratagèmes les plus sophistiqués, comme un chasseur, je posais mes pièges, préparai mes appâts. La bataille s’annonçait gagnée d’avance et tu te laissais prendre dans mes filets. Le jour où j’allais enfin crier victoire, tu m’as montré que c’était toi qui avais mené le jeu, et que je n’avais été en réalité qu’un pantin entre tes mains. Puis je t’ai aimé avec toute ma fougue masculine, mon but était de sans cesse te mener au paroxysme du plaisir. Toute ma puissance et mon arrogance de mâle me poussaient à vouloir te prouver que tu étais mienne. Mes yeux plongeaient dans les tiens et dans cette source d’émeraude, j’y cherchais la reconnaissance de t’honorer de ma force.
Puis Mon Anubis tu as pesé mon âme, aussi légère qu’une Plume, mais encore trop lourde pour accéder à ton paradis. Alors tu m’as laissé commencer à me découvrir, moi qui te voyais déjà vaincue sous mes coups de griffes, mes pauvres coups de boutoirs virils et vainqueurs. Avec une belle assurance, persuadé que maintenant tu savais quel homme j’étais… C’est à cet instant précis, que tu as pris mon âme en charge pour la dénuder. J’écoute le verdict de la sanction que je dois accepter pour essayer d’expier mes fautes et tu me commande d’inverser nos rôles, plus simplement de switcher. Je n’avais rien à craindre venant à maintes et maintes reprises de te prouver ma dominance. J’accepte le jeu et ses règles. Le chêne que je pensais être a rapidement plié. C’est avec volupté que je découvre, non pas encore qui j’étais, mais qui je pouvais être et qui je pouvais devenir. Tes mains que je liais peu de temps auparavant, devenaient mes geôlières, ta bouche que j’investissais devenait le puits d’où sortait la vérité qui se révélait à moi. Ton sexe qui semblait m’appartenir devenait la citadelle que je devais mériter, quémander. Enfin, je ne devais plus te regarder de haut mais me mettre à tes pieds et je te trouvais si magnifique. Ma bouche devait se fermer et mes oreilles s’ouvrir, attentives à tes commandements. Tu venais aussi de découvrir qui tu étais… la Démone, l’ange déchu. Ensemble nous explorions le lâcher prise.
Et puis rapidement, trop rapidement, la vie, les rencontres ont fait que je ne devais plus te toucher mais me contenter de t’aimer en silence, de t’appartenir sans rien dire, de t’offrir ma frustration comme un cadeau ultime. Merci, Mon Anubis, la gardienne de mes rêves sombres, merci de m’avoir permis de connaitre l’humilité pour mieux aimer, devenir peut-être un Maître aimant, un Maître amant. Tu es ma plus belle rencontre, éclair, c’est vrai, mais il y a des orages qui donnent plus de lumière que toute une saison de soleil brûlant. Quel plus beau bonheur de perdre la plus ardente des Maîtresses et de retrouver la plus fidèle des amies !