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Maître Paul a adressé une note au groupe
Domination-Soumission cérébrale et humiliation avant le passage au "Physique" il y a 5 ans et 9 mois
L’ « humiliation » dans la relation D/s
Je parlerai ici de Dominant et de soumise, mais il est évident que ma réflexion s’applique de la même manière à la relation de Dominante et de soumis, ou dans les couples homosexuels.
La soumise est le plus souvent une femme qui doute d’elle-même, qui manque d’assurance dans sa vie, qui craint le jugement des autres et qui considère que les critiques qu’elle reçoit sont méritées. Si elle est dominante dans sa vie sociale et professionnelle, c’est alors une femme qui a besoin de perdre le contrôle, de s’abandonner, de lâcher prise.Dans les deux cas, c’est une femme qui exerce un immense contrôle sur elle-même, soit, dans le premier cas, pour se conformer au jugement des autres, soit, dans le deuxième cas, pour ne pas montrer la moindre faiblesse, surtout si elle a un poste à haute responsabilité.
Pour pouvoir perdre ce fameux contrôle, il faut qu’elle puisse le remettre à quelqu’un en qui elle a confiance. Elle va donc se choisir un guide, un Maître, à qui elle donnera toute autorité sur elle. Qui dit autorité dit éducation, instructions, ordres, punition, mais aussi récompense, plaisir. Chez des adultes consentants, le symbole le plus fort de la perte de contrôle sera sexuel : la soumise donne le contrôle de sa vie sexuelle à son Maître. Il devient donc responsable de son plaisir.
En perdant le contrôle, la soumise confie la responsabilité de son plaisir, de sa souffrance, de sa frustration, de son humiliation, de son épanouissement personnel. Qu’est-ce que ce mélange des genres, me direz-vous ?
Avant d’entrer dans une relation de Domination/soumission, les deux partenaires doivent apprendre à se connaître. Il faut que chacun connaisse les limites de l’autre, et accepte de les respecter. Il est aussi indispensable de savoir ce que chacun attend de la relation et ce qu’il est prêt à vivre pour atteindre ce but. Bien entendu, le rôle du Dominant sera d’amener la soumise à explorer au-delà de ses limites et à découvrir qu’elle peut, progressivement, aller de plus en plus loin.
Mais pourquoi faut-il humilier une soumise ? Ne suffit-il pas de petits jeux sexuels un peu pimentés pour épanouir tant la femme que l’homme ?Tout d’abord, il faut définir au sein du couple ce qui est humiliant. Certaines femmes ont honte de faire l’amour en pleine lumière, ou même de se montrer nue, sans maquillage alors qu’uriner devant leur compagnon ne leur pose aucun problème. Elles ont honte de l’image de leur corps (ce corps maudit qui ne correspond pas aux images des magazines…) mais, puisque la plus grande partie du corps est couverte, uriner en présence de l’être aimé ne leur pose pas de problème. « Après tout, c’est une fonction naturelle, et lui aussi, il pisse ! »
Une image que les « vanilles » ne comprennent pas et trouvent avilissante est l’ « animalisation » de la soumise : marcher en laisse, à quatre pattes, se nourrir comme une chienne, dans une gamelle ? C’est insensé ! Quel manque de respect pour la femme ! Quelle perverse si elle y prend du plaisir ! Et lui, il n’a qu’à s’acheter un chien !
Quand on coule, dans une piscine, il faut avoir le courage de se laisser couler jusqu’au fond de la piscine pour trouver une base ferme sur laquelle s’appuyer et donner l’impulsion nécessaire pour remonter à la surface. L’humiliation demande le même courage : « j’ai accepté de descendre aussi bas, de me comporter comme la chienne de mon Maître, de manger comme elle, d’être réduite à un animal. Je me suis découvert ce courage et cette force. J’ai donc ce potentiel que je peux appliquer dans ma vie. »
Tout comme la douleur physique (cravache, fouet, fessée, pinces, etc.), l’humiliation permet à la soumise de découvrir son potentiel de force tranquille, de retrouver de l’assurance et de la confiance en elle. Plus elle accepte de descendre bas sous le regard bienveillant de son Maître (qui est à la fois son guide et son éducateur), plus elle sera forte dans sa vie quotidienne, sociale et professionnelle. Elle pourra affronter les brimades ou moqueries de ses chefs ou de ses collègues, et leur répondre, avec un sourire intérieur. Elle sera capable de relativiser ces petits moments qui lui faisaient si peur en repensant à ce qu’elle a osé vivre et accepter.
Lorsque la soumise a réussi à se dépasser, elle y trouve du plaisir, surtout si le Maître associe ce dépassement au plaisir sexuel épanouissant et valorisant la Femme.
Mais chaque relation est différente. Chaque couple D/s doit trouver son propre mode de fonctionnement. Les conditions essentielles pour que la relation épanouisse les deux partenaires sont : la confiance et le respect réciproques, l’absence de non-dit, un dialogue ouvert sans le moindre interdit (sauf le manque de respect), et la recherche du plaisir de chacun.
Ah oui ! J’allais oublier ! Il faut aussi un lien affectif fort, bien sûr, et, pourquoi pas, beaucoup d’amour…
Paul
Ce genre de post détaillant les ressorts psychologiques du lien D/s est malheureusement beaucoup trop rare (que ce soit sur ce site ou ailleurs). Merci à vous, j’en redemande!
Je remercie Paul de ses interventions très intéressantes… Par contre, je suis un peu surpris du commentaire de MasterAndSubA. Sur ce site, il y a 38 Gigas de textes divers et d’informations, dont de très nombreuses interventions constructives des membres sur ce sujet. D’autre part, nous allons prochainement fêter le 50ème Munch mensuel de Rennes, ou nous détaillons ces ressorts psychologiques chaque mois… Et sauf erreur de ma part, MasterAndSubA n’y a jamais participé alors que ça se passe dans sa ville ! Le prochain aura lieu, comme indiqué ci contre le Vendredi 30 Août : Je compte donc sur sa présence !
Merci pour cette analyse que je trouve particulièrement pertinente et éclairante