L'Anneau de Justine

Un air d’opéra cristallin…
« Follie ! Follie ! »
Balai de flammes vacillantes,
Chandeliers élancés, élégants,
Nuances de flagrances d’encens boisé,
Chaînes… Pléthore d’accessoires sm,
C’est là que ce soir, Vous m’avez convié…
Atmosphère d’un autre temps,
Ambiance monacale ou démoniale
Beauté et magie de ce lieu…
Découvrant cette mise en scène,
… Le temps suspend sa course,
Une timidité s’empare de moi,
Rassurée par Votre timbre doux,
« C’est ici que ton initiation commence… »
« Follie ! Follie ! »
Sur cet air d’opéra obsédant…
Mes yeux ne veulent pas voir…
Mon esprit ne veut pas penser,
Aux multiples possibles,
De Votre imaginaire…
Vous m’invitez à m’asseoir,
Tabouret de cuir et bois sculpté,
Nue, je me sens infiniment belle,
Dans ces lumières claires obscures…,
Vos mains enserrent mes poignets
Dans des bracelets de cuir noir,
Mes jambes écartées sur une barre de bois,
Chevilles liées, Vous remontez la barre,
Et me voilà, suspendue, écartée,
Posture obscène, excitante, ouverte,
Offerte à Votre regard, à vos égards…
Votre main s’attarde, se perds…
Entre mes cuisses tendres et fragiles,
Je me donne à la luxure de Vos phantasmes,
Pâmée sous Vos caresses…
Je relève la tête un instant,
« Follie ! Follie ! »
Pour moi, le temps d’apercevoir,
Une bougie que Vous venez d’allumer…
Votre main s’avance, j’ai vu Votre regard…
Me faire vivre la chaleur, la brûlure peut-être,
Le rythme de mon cœur s’accélère,
Un désir de connaître, mais la peur de souffrir,
Un désir dans mon sexe mais la peur d’accueillir,
L’attente de la première goutte de cire sur mon corps,
Me paraît monstrueusement longue, comme le temps suspendu ?
Si longue… Je crains que la surprise ne me prenne
Avant d’en contrôler l’idée et l’effet…
Je jugule la panique, je recentre mon esprit, j’attends…
Première goutte, deuxième…,
Je tends mon corps, non de douleur,
La sensation est agréable,
Je me tortille, de petits cris m’échappent,
Chaleur amicale de ce compte-goutte brûlant,
Je me tends ainsi sous ces aiguilles de feu,
Je découvre le bonheur de leur appartenir,
De ne pouvoir leur échapper,
Plus proche, de plus en plus proche,
Rapide, de plus en plus rapide,
Comme de multiples étoiles qui accélèrent mon pouls,
Rendent ma peau fragile et subliment mon désir,
« Follie ! Follie ! »
Sur cet air d’opéra…
Je me sens comme un astre dans le ciel étoilé,
Pourfendue par de minuscules météores,
Mon esprit lui-même explose, devient pluie d’étoiles…
Mon sexe s’ouvre comme un puits,
A la première chaleur,
Me rappelant étrangement
Mes plaisirs solitaires,
Sous une eau brûlante
Inondant mon bouton gonflé,
Le plaisir monte en moi,
Oui, Monsieur,
Encore…
Oui, Monsieur,
Encore…
L’offrande est belle,
La chaleur intense
La brûlure saisissante,
Le désir est immense,
Dans cet air d’opéra éternel…
« Follie ! Follie ! »
Danse, danse sur moi,
Flamme scintillante,
Prends-moi cire blanche
Jusqu’à me recouvrir,
Jusqu’à me protéger,
Jusqu’à ne plus sentir,
L’intérieur de mon sexe…
Violé par ta chaleur,
Une gangue de cire l’entoure,
L’enserre maintenant,
Le moulage de mon corps,
De mes parties intimes,
Je suis chaude de partout,
La sève sourde sous la cire rigide,
Devenue la compagne,
De notre plaisir,
De notre accord trouvé,
De cette chaleur donnée,
Vous, penché sur mon corps,
Votre cœur qui s’arrête,
Au moindre de mes sursauts,
Moi, le cœur ouvert à Vous,
Rien que pour nous…
Dans ce son exceptionnel de clarté,
Le temps s’est arrêté, s’est posé,
Le temps de me donner, de partager,
Cet opéra de liberté inoubliable,
N’est-ce pas de la Folie ?
Notre Folie…
Notre liberté…
Notre liberté d’aimer ainsi…
« Follie ! Follie !… Sempre Libera»
Cet opéra désormais incontournable,
Que nous avons joué pour nous ce soir…

Plume

Cf : La Traviata : Follie ! Follie !… Sempre Libera
Concerto Köln, Evelino Pido & Nathalie Dessay